L'Affaire Bellounis et la Première Guerre Civile Algérienne

(1957-1960)

L'un des épisodes les plus sombres et les moins racontés de la révolution algérienne

précédent
suivant

II-9- Mohammed Bellounis Précise ses Positions

   Outre les chicaneries des spécialistes des Affaires Musulmanes, Mohamed Bellounis tient également à répondre à la presse qui a déformé consciemment sa pensée politique et le sens de ses accords. Voici sa mise au point :
Algérie, le 8 septembre 1957.

La presse algéroise du 6 courant a publié dans ses colonnes un article relatif à mon soit disant ralliement, faussant ainsi la réalité quant à ma position en tant que Général en chef, commandant l’Armée Nationale du Peuple Algérien en Algérie et qui nécessite une mise au point que l’opinion publique algérienne de toute origine comprenne le véritable dessous de cette affaire et dissiper toute équivoque devant l’Histoire de nos deux peuples Algérien et Français.
Par la suite d’une correspondance accidentelle échangée entre un Capitaine et moi (Capitaine Combette) qui a mis le Haut Commandement militaire au courant de cette correspondance contact.

Notre intermédiaire, le Capitaine Combette nous fit part de la rencontre par lettre que le détiens pour référence me demandant de lui fixer une date et un lieu de rencontre en vue de neutraliser cette région de part et d’autre.
J’ai par message écrit fixé au 31 mai 1957 le lieu et la date de cette rencontre et l’avait fixé à Béni-Illemène, Mechta Kasbah, Mélouza qui était devenu deux ou trois jours après la Mechta martyre.

Le Haut Commandement par ordre du Général Raoul Salan a dépêché le Capitaine Pineau pour me contacter. Durant ce contact et après de longues discussions où j’avais exposé longuement mon point de vu militaire et politique qui ont été transmis au Général Salan afin de donner suite au cours d’autres contacts que nous avons fixé au 3juin au lieu dit Serarda, commune de Sidi Aissa.
A l’occasion de ce deuxième contact, Monsieur le Capitaine Pineau me demande de définir ma position politique, où j’ai encore exposé mon point de vu suivant :
« Si l’on me reconnaissait représentant de l’Armée Nationale du Peuple Algérien et le Mouvement National Algérien (MNA) et Messali Hadj comme interlocuteur valable, je suis disposé à participer à la pacification de l’Algérie avec mon armée.

            Après cette pacification, mon Armée ne doit pas déposer les armes avant que soit résolu le problème Algérien. D’autre part, ma participation était subordonnée à la fourniture d’armement, habillement et soins médicaux, etc, etc… »
Muni de ces précisions, Monsieur le Capitaine Pineau et moi nous nous séparâmes et avons fixé pour le vendredi 7 juin notre prochain contact. A cette date, Monsieur le Capitaine est venu avec les propositions suivantes que j’ai acceptées :

  1. Mener le combat commun contre les Frontistes et les Communistes ;
  2. Je garde l’ANPA (l’Armée Nationale du Peuple Algérien) avec son organisme intégral ;
  3. Aide en armement, habillement, soins médicaux etc, etc…
  4. L’Armée ANPA ne déposera les armes qu’après la résolution du problème Algérien

 

Sur la base de cet accord, j’ai commencé la pacification qui eu son écho à travers l’Algérie. Malgré les inobservations et certaines restrictions des accords conclus, j’ai maintenu ma parole afin que le sang cesse de couler en Algérie jusqu’au 6 septembre 1957 et au grand regret de tous, j’ai reçu à mon quartier général le Lieutenant Colonel Vernier, porteur d’un message ultimatum, me donnant le temps jusqu’au 15 septembre d’accepter ou de rejeter les conditions nouvelles suivantes :

  1. Limitation de mon champ d’action qui était à l’échelle nationale à une zone géographiquement restreinte ;
  2. Imposition d’une participation civile loyale aux institutions déjà existantes, alors que cela est d’ordre administratif contraire aux accords conclus et qui sont d’ordres politiques, chose qui était bannie de nos accords ;
  3. L’ordre de ne faire déplacer mes troupes qu’avec une escorte de l’Armée Française et aucun déplacement de mes hommes ne devait se faire sans laisser passer délivré par les autorités militaires ;
  4. La restriction du port de mon emblème militaire qui sera limité à mes cantonnements ou d’aborder les 2 emblèmes, c'est-à-dire le mien et le français, alors que cela n’était pas stipulé dans nos accords.

Voilà le vrai visage du problème de ma participation à la pacification et non le ralliement aux autorités militaires comme prétend votre journal qui déforme la réalité.
On constatera que déjà les chefs militaires sont revenus sur les accords et essayent en quelque sorte de faire chanter Mohamed Bellounis. Ils agissent toujours ainsi comme des maquignons en spéculant sur la bonne foi des gens. Mais Mohamed Bellounis pour qui la parole est la parole, proteste, menace et reprend les maquis.
Il a donc fallu que les chefs militaires cessent leur chantage et leur marchandage.

  précédent
 
suivant